Archives mensuelles : février 2019

Camille Limoges

Pour la troisième séance de sa nouvelle saison dédiée à la notion de résistance(s), le cycle de conférences « La santé en débat. Recherches francophones en sciences humaines et sociales sur la santé », organisé par Alexandre Klein (Université Laval), Gabriel Girard (ESPUM) et Pierre-Marie David (Université de Montréal) dans le cadre des activités du réseau Québec Sciences Sociales et Santé (Q3S) est heureux de recevoir :

 Camille Limoges (CIRST)

 Pour une conférence intitulée

Liberté et normativité du vivant : un philosophe et médecin en Résistance, Georges Canguilhem, 1940-1944.

 

 

Elle se déroulera le Jeudi 28 février 2019 à 17h

au Pavillon Paul-Gérin-Lajoie de l’Université du Québec à Montréal, salle N-8510.

 

La santé, définie aujourd’hui comme un « état de complet bien-être », reste « dans les faits, bien souvent, un véritable champ de bataille » où se manifestent de « multiples formes de résistance ». Les termes de ce constat, sont ceux-là même de la thématique du séminaire, « La santé en débat ». Son descriptif fait aussi valoir que, posée comme « refus de la soumission », la résistance s’avère souvent en même temps un « espace de création de normes et de valeurs».     Qui a lu Georges Canguilhem (1904-1995) ne peut manquer l’apparentement de ces énoncés avec ceux qu’il formulait dans sa thèse de médecine, quelques mois avant qu’il ne rejoigne comme médecin en mai 1944 le maquis du Mont-Mouchet qui deviendra quelques jours plus tard, au-delà de la métaphore, «véritable champ de bataille». C’est dans les conditions des années 1940-1944 que s’énoncèrent les positions philosophiques de Canguilhem sur la liberté comme libération et sur l’existence normative du vivant, positions que, pendant près de cinquante ans, la suite de ses travaux allait mettre à l’épreuve. Or, malgré la célébrité de sa thèse, l’Essai sur quelques problèmes concernant le normal et le pathologique, le retentissement de ses travaux d’historien des sciences et d’épistémologue, comme aussi des incidents de carrière, ont fortement contribué à minimiser la reconnaissance dans son œuvre de la centralité et du caractère distinctif de son projet philosophique initial. Surtout, beaucoup des lecteurs de Canguilhem, même quand ils se réclament de lui, confondent, au profit du second, deux projets à caractère normatif mais néanmoins distincts dans son itinéraire intellectuel, l’un de philosophie biologique, axiologie étayée en terrain médical, l’autre d’épistémologie historique, de tout autre portée déontologique. Cette présentation vise à resituer les positions de Canguilhem sur la normativité, sur l’explication du vivant avec son milieu et sur ce que «La vie n’est pas la jouissance paisible de ressources offertes, mais l’affrontement d’un environnement où il faut prélever et parfois conquérir ses conditions vitales de possibilité» (Le danger, 1970).