La santé au prisme du genre
Cycle de conférences
« La santé en débat » Hiver 2020
Organisé par Alexandre Klein (Université d’Ottawa), Lise Dassieu (CRCHUM), Pierre-Marie David (Université de Montréal) et Ana Cecilia Villela Guilhon (Université de Sherbrooke) pour le réseau de recherche Québec Sciences Sociales et Santé (Q3S)
Un jeudi par mois, à 17h, à l’Université du Québec à Montréal (salle N-8510)
Gratuit et ouvert à tou.te.s
Violences obstétricales et gynécologiques, remises en question régulières du droit à l’avortement, chirurgies imposées à des enfants intersexes, pathologisation des personnes LGBTQI+ ou stérilisation forcée de femmes autochtones. L’actualité nous rappelle régulièrement l’importance (et la violence) des enjeux de genre dans le domaine de la santé. Quand on sait que la médecine fut l’un des principaux espaces de constitution, puis de légitimation de la distinction binaire du genre au cours de la période contemporaine, difficile de s’en étonner. L’Organisation Mondiale de la
Santé a d’ailleurs défini le genre comme un déterminant des inégalités de santé, soulignant ainsi les effets des normes genrées, et des rapports de pouvoir qui en découlent, sur l’état de santé des personnes et leur accès aux soins. Mais, si l’analyse en termes de genre s’est progressivement imposée dans différentes institutions (ONG, internationales, pouvoirs publics), ce fut souvent au prix d’une neutralisation de ses dimensions politiques.
En effet, le genre ne peut se résumer à un « déterminant » de la santé sur lequel on pourrait agir pour réduire les inégalités. Parce qu’il façonne en profondeur et depuis longtemps les questions de santé, le genre apparaît davantage comme une grille d’analyse puissante de leurs enjeux contemporains, tout comme la santé peut en retour constituer un prisme pertinent pour analyser les sociétés patriarcales. En témoigne la prégnance du sexisme, du cis-sexisme et de l’hétérosexisme dans les différents espaces de la santé, de la prévention à la prise en charge des personnes malades,
en passant par la pratique des soins, mais aussi les conséquences des politiques d’austérité dans ce domaine. Le genre se doit donc d’être interrogé dans ces différentes dimensions si on souhaite réinventer nos manières de penser et de faire de la santé, en évitant notamment l’écueil de la binarité essentialiste qui ramène les différences de genre à la dimension biologique des sexes masculin et féminin et naturalise ainsi des inégalités sociales comme s’il s’agissait de propriétés humaines fondées biologiquement.
Mais en quoi consisterait alors une santé prenant en compte la problématique du genre ? Et quels seraient les enjeux épistémologiques et politiques de sa conceptualisation et de sa mise en pratique ? Autrement dit, comment penser la santé en intégrant la diversité des identifications de genre, mais aussi la diversité des normes culturelles liées au genre, et ce sans imposer des normes occidentalocentrées ? Ce sont quelques-unes des questions que nous souhaitons aborder au cours de cette nouvelle saison de « La santé en débat ».
Jeudi 23 janvier 2020 : Stéphanie Pache (Université du Québec à
Montréal) : Santé mentale: l’emprise du genre
Jeudi 13 février 2020 : Denise Medico (Université du Québec à
Montréal) : Concevoir les genres non cis et repenser le genre en santé
Jeudi 5 mars 2020 : Geneviève Rail (Institut Simone de Beauvoir,
Université Concordia) : Cancer et minorités sexuelles et/ou genrées :
incommensurabilité des savoirs biographiques et biomédicaux
Jeudi 26 mars 2020 : Olivier Ferlatte (École de santé publique de
l’Université de Montréal) : Genre, sexualité et classe sociale : Comprendre
le suicide chez les hommes gais et bisexuels
Jeudi 16 avril 2020 : Guillaume Cyr (Université du Québec à Montréal)
et Maude Bouchard-Fortier (Illustratrice) : Rédiger un livre d’anatomie
sexuée inclusive pour les jeunes
Jeudi 7 mai 2020 : Muriel Mac-Seing (École de santé publique de
l’Université de Montréal) Les intersections plurielles entre le genre et la
santé: les cas du handicap et de la santé mondiale