Pour la dernière séance de sa nouvelle saison dédiée à la santé environnementale, le cycle de conférences « La santé en débat. Recherches francophones en sciences humaines et sociales sur la santé », organisé par Alexandre Klein (Université d’Ottawa), Gabriel Girard (ESPUM) et Pierre-Marie David (Université de Montréal) dans le cadre des activités du réseau Québec Sciences Sociales et Santé (Q3S) est heureux de recevoir :
Bénédicte Ramade
Université de Montréal
Pour une conférence intitulée
De la pollution à l’empoisonnement, arts de l’Anthropocène.
Elle se déroulera le mercredi 4 décembre 2019 à 17h
au Pavillon Paul-Gérin-Lajoie de l’Université du Québec à Montréal, salle N-8510.
Alors que les formes artistiques du déchet se sont cristallisées depuis plusieurs décennies sur la sélection, l’indexation et la collection de spécimens d’une part, l’incorporation de matériaux dans des activités de recyclage et de réhabilitation de l’autre, autant de pratiques exposées et commercialisées, l’empoisonnement des sols, de l’eau, de l’air, des organismes, ont jusqu’ici généré des initiatives tout autres, notamment en raison de la discrétion des éléments toxiques, enterrés ou volatiles.
Ce sont notamment des enquêtes visuelles comme celle menée par Sharon Stewart au Texas à la fin des années 1980, emblématiques d’un positionnement citoyen de l’art, qui se sont fait un devoir d’alerter populations et pouvoirs publics des dérives industrielles. De même, la recherche de solutions curatives et réhabilitatives dans l’espace public avait pu constituer le dessein d’artistes comme Patricia Johanson. Mais il apparaît à la faveur de plus récentes productions que le poison n’échappe pas pour autant au quasi-fétichisme des objets retrouvés. Ainsi, les pratiques de l’échantillonnage ont, elles aussi, cours, depuis la collecte jusqu’à la conservation de matières plus ou moins nuisibles (Pentecost, Pinsky, Sabraw), enrichissent le cabinet de curiosités de l’Anthropocène et son cortège d’hybrides et de créations monstrueuses.
Jusqu’à l’ingestion. Comprenant que nous faisons corps et assimilons dans notre ADN ce que nous ingérons, certains artistes offrent au spectateur mû en cobaye, la possibilité de réaliser de l’intérieur la toxicité. Ces expériences et ces rapprochements physiques qui vont jusqu’à l’ingestion de produits toxiques, permettraient-elles de ressentir la « carnalité » qui complète chez Elizabeth Povinelli la corporalité́, en jouant sur les paramètres du danger corporel et du dégoût ? Cette communication entend interroger ces changements de paradigme et leur lien avec la condition anthropocène actuelle.
Sur cette problématique de l’anthropocène, je me permets de vous renvoyer à la série de dessins que je suis en train de réaliser pour le Muséum d’histoire naturelle de Grenoble : https://1011-art.blogspot.com/p/planche-encyclopedie.html
Mais aussi par la série « Panta rhei » sur ce même sujet https://1011-art.blogspot.com/p/ordre-du-monde.html